Histoire du lieu

L’Orphelinat Saint-Philippe de Meudon et sa fondatrice, la duchesse de Galliera

L’Orphelinat Saint Philippe et la Maison de Retraite St Paul, – destinée aux Frères des Ecoles chrétiennes -, sont inaugurés le 3 novembre 1888.
Ces deux magnifiques bâtiments de style néo-gothique, situés dans un parc paysager de 14 hectares, dominant le Bassin parisien, sont l’œuvre de Marie Brignole Sales, Marquise de Ferrari, Duchesse de Galliera.

Née en 1811 au sein d’une illustre famille Génoise, elle épouse en 1828 le Marquis Raphaël de Ferrari. Tous deux sont extrêmement riches. Le couple, vivant à Paris, est considéré comme l’une des plus grandes fortunes d’Europe voir du monde, en cette fin de XIXème siècle. Le Marquis a fait fortune dans les chemins de fer. Banquier, il crée avec les frères Pereire «le crédit immobilier», et travaille avec le baron Haussmann. De cette union naitront 3 enfants : Livia décédée à 1 an, Andréa, décédé à 16 ans et Philippe. Ce dernier, collectionneur de timbres postes dilapide la fortune paternelle à la mort de ce dernier en 1876. Sa mère lui constitue alors une rente perpétuelle et gère elle-même son immense fortune.
La Duchesse a été dévastée par la perte de ses deux enfants, elle consacrera désormais toute sa fortune à des œuvres de bienfaisance jusqu’à sa mort le 09 décembre 1888.

Des travaux colossaux, menés par l’architecte Conchon, dureront 10 ans. Pour la création de l’Orphelinat, le terrain est difficile, très pentu, instable, sablonneux. Des assises monumentales sont nécessaires pour édifier la grande terrasse qui doit soutenir le bâtiment. Peu importe, tout doit être magnifique, exceptionnel.
La Duchesse de dire : «Depuis que je suis au monde, j’ai vécu dans des palais, je trouve bon que les pauvres en aient un, j’ai plaisir à leur offrir».
L’Orphelinat peut accueillir jusqu’à 300 enfants, la Maison de retraite, 100 frères âgés et infirmes.

La Duchesse crée la Fondation Brignole-Galliera et en confie la direction à la congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes.
Un bassin de natation en plein air, un jardin horticole et paysager, des serres, complètent la propriété.

Transformé en hôpital militaire français lors de la Première Guerre mondiale (1914 – 1918), le site est recensé comme hôpital auxiliaire numéro 23. Il compta 230 lits jusqu’en janvier 1916, époque où le nombre en fut doublé et porté à 460. Environ 7.000 blessés y furent soignés. Le monument aux morts interne à l’établissement a été inauguré le 23 juin 1924.
Il recèle 190 noms de jeunes et de professeurs de Saint Philippe morts pour la France. Chaque année depuis cette date a lieu la cérémonie du souvenir le samedi suivant le 11 novembre.

Des négociations sont menées avec les Orphelins Apprentis d’Auteuil qui en reprennent la gestion officielle le 1er août 1946.
En 1952, les Bénédictines quittent définitivement la Maison St Paul qui devient alors une Ecole technique privée avec une section de dessin industriel, puis de la mécanique de précision.
En juillet 1970, les deux lieux sont séparés  : St Paul étant dédié aux formations horticoles et St Philippe orienté sur les sections techniques. Tous les jeunes scolarisés sont également internes.
En 1985 sont achevés les bâtiments modernes Chenu et Galliera, avec des chambres individuelles et un projet qui permet aux plus âgés d’être en voie d’autonomie.

La Maison St Philippe devient le Village éducatif Saint-Philippe en 2002. Doté aujourd’hui d’un collège, d’un lycée professionnel, d’un lycée horticole, de 2 unités de formation en apprentissage, d’un internat scolaire, d’une maison d’enfants à caractère social, d’un accueil de jour, d’un service d’accueil d’urgence, le site accueille, forme, éduque et insère presque 600 jeunes en difficulté.
Il prolonge ainsi, depuis 131 ans, l’œuvre voulue par la Duchesse de Galliera.